Le succès de Hoepker en tant que documentariste social est dû à sa combinaison « d’une parfaite maîtrise technique de la photographie – telle que l’exposition, le cadrage, la composition – avec un sens infaillible de l’histoire contemporaine », explique Katharina Mouratidi, commissaire de l’exposition. « Des moments dignes de l’image, et un intérêt brûlant pour le sujet qu’il dépeint. » Cette poursuite de la perfection formelle découle des premiers intérêts de Hoepker, suggère l’exposition. A 15 ans, Hoepker reçoit de son grand-père un appareil photo à plaque qui devient son compagnon de voyage. Étudiant en histoire de l’art et en archéologie, c’est lors de voyages en Italie à la fin des années 1950 qu’il réalise qu’il s’intéresse davantage aux spectateurs qu’aux chefs-d’œuvre eux-mêmes.

L’opportunité d’accompagner sa femme, Eva Windmöller, qui était journaliste accréditée à Berlin-Est, a fait de Höpker le premier photographe ouest-allemand à pouvoir documenter la vie quotidienne en RDA de manière largement indépendante. Il a réalisé plusieurs reportages en Allemagne de l’Est au cours des années 1970, photographiant des affiches de propagande, des immeubles en ruine, de nouveaux immeubles, des vacanciers domestiques et des voitures Trabant – le tout en couleur. Assumant sa responsabilité d’observateur discret mais attentif du présent, il est sensible aux objets et aux scènes banales qui deviendront emblématiques de cette époque de l’histoire contemporaine.

« Je pense qu’un pays comme la RDA a sa couleur propre et typique », a fait remarquer Hoepker. Ses photographies désormais emblématiques en témoignent, une mer homogène de chapeaux verts et de drapeaux rouges lors d’un rassemblement militaire à Treptow, Berlin, sonnant avec les couleurs uniformes de la Plattenbauten complexe de logements sociaux dans l’image à proximité. Une photo d’un couple en uniforme qui a abandonné un spectacle aérien militaire pour flirter dans l’herbe montre la capacité de Hoepker à trouver des moments d’intimité humaine parmi les historiques.